La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et l’EMDR (Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires) sont deux approches psychothérapeutiques reconnues pour leur efficacité dans le traitement de nombreux troubles psychologiques. Bien qu’elles reposent sur des fondements théoriques différents, elles partagent un objectif commun : aider les individus à surmonter leurs souffrances psychiques en travaillant sur les pensées, les émotions et les comportements.
La thérapie cognitivo-comportementale est une approche basée sur l’idée que nos pensées influencent nos émotions et nos comportements. Elle part du principe que de nombreuses souffrances psychiques proviennent de schémas de pensée inadaptés, souvent appris au fil du temps, et que l’on peut modifier ces schémas en les identifiant, en les remettant en question et en les remplaçant par des pensées plus réalistes et aidantes. Le thérapeute TCC aide donc la personne à prendre conscience de ses croyances automatiques, parfois irrationnelles ou exagérées, qui peuvent alimenter l’anxiété, la dépression, les troubles alimentaires, les phobies, et bien d’autres problématiques. En travaillant sur ces pensées, tout en introduisant des changements dans les comportements problématiques, la TCC permet de modifier le cercle vicieux dans lequel la personne est enfermée.
L’approche est généralement structurée, collaborative et orientée vers des objectifs concrets. Elle repose sur des techniques variées, allant de la restructuration cognitive à l’exposition progressive, en passant par l’entraînement aux habiletés sociales, la pleine conscience ou encore la tenue de journaux de pensées. La TCC est soutenue par de nombreuses recherches scientifiques qui ont validé son efficacité, notamment dans le traitement des troubles anxieux, des troubles de l’humeur, des troubles obsessionnels-compulsifs, et même certaines douleurs chroniques ou troubles du sommeil.
L’EMDR, quant à elle, est une thérapie développée à la fin des années 1980 par la psychologue américaine Francine Shapiro. À l’origine, cette approche a été conçue pour traiter les traumatismes psychologiques, notamment le trouble de stress post-traumatique (TSPT), mais son champ d’application s’est élargi depuis à d’autres troubles liés à des expériences de vie douloureuses. L’idée centrale de l’EMDR repose sur le fait que certains souvenirs restent « bloqués » dans le cerveau en raison de la charge émotionnelle qu’ils contiennent, empêchant leur intégration normale. Ces souvenirs non traités continuent alors d’engendrer des symptômes douloureux tels que des flashbacks, des cauchemars, des réactions de panique ou des comportements d’évitement.
La thérapie EMDR utilise une stimulation sensorielle bilatérale, souvent sous la forme de mouvements oculaires guidés par le thérapeute, mais aussi par des tapotements ou des sons alternés. Cette stimulation facilite la reprogrammation neurologique du souvenir traumatique, permettant à la personne de retraiter l’information de manière plus saine. Il ne s’agit pas d’effacer le souvenir, mais de le transformer : il perd sa charge émotionnelle négative et peut être intégré dans l’histoire de vie de l’individu sans provoquer de détresse. L’EMDR s’appuie également sur des protocoles précis, qui permettent de travailler de manière progressive et sécurisée, tout en tenant compte des ressources internes de la personne.
Ce qui distingue particulièrement l’EMDR des autres approches, c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’un travail verbal ou cognitif. Le corps, les sensations, les émotions et les perceptions sont directement impliqués dans le processus thérapeutique. Cela en fait une méthode puissante pour les personnes qui ont du mal à mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu, ou qui ont déjà tenté d’autres formes de thérapie sans succès.
Les deux approches peuvent être complémentaires. Il est d’ailleurs fréquent que certains psychothérapeutes soient formés à la fois en TCC et en EMDR, et qu’ils adaptent leur approche en fonction des besoins spécifiques de chaque patient. Par exemple, un travail initial en TCC peut permettre de stabiliser une personne, de développer des stratégies de gestion des émotions ou de comportements problématiques, avant d’aborder, avec l’EMDR, des souvenirs traumatiques plus anciens.
En somme, la TCC et l’EMDR sont deux outils puissants dans le champ de la psychothérapie contemporaine. Elles offrent des voies différentes, mais souvent complémentaires, pour comprendre et transformer la souffrance psychique, en redonnant à la personne du pouvoir sur sa propre vie mentale et émotionnelle.